QUAND LES ENFOIRÉS PARLENT D’ÉGALITÉ

La traduction que l’on fait du mot égalité dans la réalité, relève d’un vocabulaire qui est souvent, à lui seul, la représentation d’une opinion politique parfois tranchée. Un exemple dans le domaine du monde du travail : acquis sociaux pour les uns, privilèges pour les autres.
L’utilisation de l’expression « acquis social » fait référence explicitement à la lutte, notamment des anciens, pour conquérir une meilleure qualité de vie au travail ainsi qu’une meilleure reconnaissance. La présentation positive de cet acquis implique que celui-ci doit servir de référence pour celles et ceux qui n’en bénéficient pas. On regarde donc vers les hauts pour s’élever, élever ceux qui ont moins. C’est l’égalité par le haut : le progrès social.
A l’inverse le terme « privilège », met l’accent sur une situation jugée anormale voire scandaleuse. Le mot évoque une révoltante inégalité, relevant carrément de l’ancien régime, à laquelle il faut mettre fin. Aussi il convient de tirer vers le bas ces privilégiés profiteurs. C’est l’égalité par le bas : la régression sociale. En résumé, pour ceux-là, ceux qui ont plus, doivent avoir moins et ceux qui ont moins n’auront pas plus.
Ceux qui parlent ainsi de privilèges sont-ils des enfoirés ?
Fort avec les faibles et faible avec les forts : voilà bien la posture d’un enfoiré qui transmute les beaux mots tel celui d’égalité en maux !
Raymond Brunner