-Impensable ? C’est absolument et totalement impensable !
Particulièrement tendus les administrateurs restèrent silencieux laissant le soin à leur président de ponctuer le silence d’onomatopées qui ne convenaient ni à la rigueur des lieux ni au sérieux propre aux membres d’un conseil d’administration de cette grande multinationale « The Intelligence Corporation » dont la percée mondiale dans le domaine des ordinateurs supers puissants et de l’IA avait été fulgurante.
Le Vice-Président, cachant mal sa jubilation, croyant son heure arrivée, osa une question :
-Monsieur le Président, de quelles informations exactes disposons-nous ?
-Messieurs la situation ne pourrait pas être plus surprenante et incompréhensible : nous avons été rachetés cette nuit et nous ne savons pas par qui !!!
Un administrateur, qui craignait de ne l’être plus pour très longtemps comme les autres d’ailleurs, intervint :
-Si j’ai bien compris, nous ne savons pas à qui appartient depuis cette nuit la société dont nous contrôlons la gestion.
-C’est parfaitement ridicule et…totalement exact !
Un courageux qui, visiblement, voulait en avoir le cœur net sur ses jetons de présences abondamment rétribués, reprit :
-Mais monsieur le président, le nouveau propriétaire est bien obligé de se manifester ne serait-ce que pour nous confirmer dans notre fonction.
-Ou pour nous balancer ! Balança un pessimiste!
-C’est effectivement là que la situation est incompréhensible. J’ai le sentiment que le nouveau propriétaire s’en fout et que, pour lui, le CA n’est d’aucune utilité ! Il nous ignore délibérément.
Le secrétaire général, qui était rétribué pour être efficace le fut. Il dit :
-Eh bien, je ne vois qu’une solution, nous allons interroger l’Hyper-One. Après tout, c’est bien nous qui avons mis au point l’ordinateur le plus phénoménal qu’on puisse imaginer, le nec plus ultra de l’intelligence artificielle !
C’était si simple que personne n’y avait pensé.
C’est ainsi, qu’après s’être rendu dans la salle climatisée, mieux protégée que l’or de Fort Knox, les membres du CA virent, angoissés leur président interroger l’Hyper-One :
-Qui possède la majorité des actions de notre société :
-MOI !